O comme Ordre de Mission
Nous sommes à Reims, fin 1939, il faut évacuer la ville. Mon grand-père, Paul Grandidier ancien sapeur‑pompier de Paris, aujourd’hui à la tête d’une entreprise de cordonnerie est requis comme lieutenant de pompiers à Reims. Il ne peut quitter Reims.
C’est à mon père Jean, âgé de 16 ans, que reviendra la charge de conduire la famille en évacuation jusque Juniville le Grand en Dordogne. Il vient juste de passer son permis de conduire.
La voiture est lourdement chargée, car ‑ outre mon père Jean, sa mère Germaine et le petit frère Marcel (11 ans) ‑ sont aussi du voyage une cousine de Germaine, madame Donzeau et son fils Henri (10 ans).
Quelques mois passent, l’entreprise de cordonnerie « Les Ressemelages Rémois »continuent néanmoins avec une activité réduite. C’est alors qu’en juillet 1940, Germaine reçoit un ordre de mission délivré par la Chambre de Commerce de Périgueux :
Il faut retourner à Reims muni de ce laissez-passer, se faire enregistrer à l’étape de Limoges pour enfin retrouver Reims.
La reprise des activités de la cordonnerie nécessite de s’approvisionner en marchandises, mais il faut toujours des autorisations pour circuler…
Enfin, l’entreprise survit à la guerre et Jean et Marcel travaillent à leur tour avec leur père pour répondre à la demande qui était importante dans les années d’après‑guerre où les chaussures étaient encore des objets de qualité qui méritaient réparations…
Ces papiers de famille ont une très grande valeur historique et j’imagine, personnelle. Merci Jean-Louis de nous les partager. Ils sont le témoignage d’une triste période.
Ah j’adorais ce magasin. L’odeur du cuir c’était puissant. J’y allais souvent pour voir travailler les cordonniers, j’y portais mes chaussures à ferrer. Les étagères, les comptoirs portant les traces de colle.. . C’est ma madeleine de Proust.