Qui suis je ?
« Qui suis-je » est une question aussi vieille que l’humanité.
C’est une question complexe et ambiguë, car il est presque totalement impossible de s’extraire de soi-même pour prendre du recul et s’observer. C’est en outre une question extrêmement large, puisqu’elle touche à la fois à la physique, à la biologie, à la génétique, à la psychologie, à la sociologie, ou encore à la généalogie.
C’est justement cet aspect généalogique que je veux analyser dans ce billet :
1° Je suis le fils de mon père Jean Grandidier, (lapalissade assumée) : la lignée des Grandidier prend source à Brouvelieures dans les Vosges. Nous savons que Demange Jacot Grandidier, né entre 1485 et 1495, est laboureur et lieutenant d’échevin de la mairie du village. Un de ses petits‑fils Jean « émigrera » vers Bréhimont (hameau du village actuel de Saint‑Michel‑sur‑Meurthe). Notre lignée restera fidèle à cette région (Saint-Michel – La Salle – La Bourgonce – Housseras – Saint‑Dié, etc.) jusqu’en 1920. A cette date mon grand-père quittera définitivement les Vosges pour entreprendre une carrière de pompier professionnel à Paris, puis de cordonnier industriel à Reims.
==> Je suis donc Vosgien de descendance, même si je suis né à Reims.
2° Je suis le fils de ma mère Madeleine Offret (bis repetita) : le premier ancêtre connu de la famille Offret ou Auffret est Etienne né vers 1628 à Ploëzal dans le Trégor. Ses descendants resteront longtemps dans le même périmètre : sur plusieurs générations les communes de Brélidy, Kermoroc’h, Ploëzal, Bégard se retrouvent régulièrement dans les actes de mariages, naissances ou décès. La famille s’est exilée une dizaine d’années dans la Marne (entre 1922 et 1931) pour la reconstruction de Reims et sa région, mais a retrouvé sa Bretagne natale.
==> je suis donc Breton de descendance, même si je suis né à Reims
Déjà un « grand‑écart »de plus de 850 km avec ces recherches en généalogie agnatique (c’est-à-dire de père en père), quelle surprise nous réserve la lignée cognatique (de mère à mère) ?
3° Mon récent billet (Hommage à mes mères) est consacré aux 11 générations de mères que j’ai pu « remonter » lors de mes recherches. Vers 1630, Gilette Doucette nait à Francheval, petit village ardennais proche de Sedan. Il en sera ainsi pour les neuf générations suivantes : ma grand‑mère maternelle, Marie Louise Lucienne Avelange sera la dernière à voir le jour dans ce village
==> je suis donc Ardennais de descendance, même si je suis né à Reims
Les Vosges, les Ardennes et la Bretagne, sont de belles régions, chacune avec ses particularités liées à leur propre histoire, chacune avec ses paysages, ses terroirs, chacune avec ses caractères, ses traditions, mais elles font partie de la France. Aussi, produit d’un melting‑pot, refusant de privilégier une branche plus qu’une autre, et acceptant qu’un arbre ait plusieurs racines, je choisi d’affirmer que :
==> je suis tout simplement Français.
C’est d’autant plus vrai que nombre de mes Sosa (ascendants directs) sont également originaires d’autres régions : les Gaudet viennent de l’Oise, les Méry du Berry, les Castier du Nord et du Pas‑de‑Calais, les Goudeau de la Creuse, etc…
Depuis plus de 5 siècles, mes ancêtres sont originaires de ses magnifiques provinces françaises, mais aussi, pour certaines branches de pays voisins européens, telle celle des Feisthauer, originaire de Festhau, canton de Salzbourg, dans le Tyrol autrichien (vers 1450) et arrivée en France vers 1650 comme bûcheron et verrier à Rosteig (67), ou encore de Belgique ou du Luxembourg. Ainsi, je peux dire aussi :
==> je suis Européen.
La généalogie est basée sur la recherche des documents parfois truffés d’erreurs (involontaires ou frauduleuses). Quoiqu’il en soit, elle présente l’histoire des familles.
En Europe, seules les ascendances « nobles » ont trace de filiations permettant de passer le xvie siècle. Elles relient les têtes couronnées souvent despotes sanguinaires persuadés d’être investis par des « droits divins ». La consanguinité, naturellement inévitable, est récurrente lorsque nous suivons ces lignées endogamiques conduisant systématiquement à Charlemagne.
Pour nous, roturiers, il faut avoir l’orgueil modeste, il reste encore à trouver sur les registres disponibles sur les 15 dernières générations qui représentent déjà 32 768 individus et nous emmènent cinq siècles en arrière.
Cela me suffit. C’est pourquoi, je ne suis pas convaincu par cette vogue de la généalogie génétique, de plus ça me fait « une belle jambe »de savoir que grâce à un test ADN, je pourrai (peut-être !) reconstituer le parcours et le cheminement de mes très très anciens ancêtres à travers les continents.
Dès la 31ème génération ce sont (théoriquement) 1 073 741 824 ascendants qui nous précèdent. Ainsi nos ancêtres ont toutes les religions, toutes les nationalités autour du bassin méditerranéen, complétées par l’apport d’envahisseurs latins, gaëls, normands, slaves, teutons, saxons et musulmans grâce à de pacifiques ou de belliqueuses alliances. Nous sommes tous cousins et de toutes obédiences depuis Adam et Eve…
La généalogie à partir de l’ADN, ne fait que confirmer cette situation et ne nous en apprend pas beaucoup plus…
Est-ce utile de se lancer dans cette aventure -encore illégale en France- rappelons-le ?